L'eczéma est-il psychosomatique? Non, l'origine de l'eczéma n'est pas psychosomatique, mais oui le patient atopique est souvent plus "fragile" du côté émotionnel. Voyons ensemble pourquoi et quelles conséquences.
Sommaire de cette page :
Vous avez tout un groupe de page sur ce thème
L'eczéma nerveux, la honte et la culpabilité dans l'eczéma, Louise : quitter le cercle vicieux, les préjugés, les difficultés, les dessins d'enfants, les moments de séparation, s'approprier sa maladie, les fêtes de famille
Sous prétexte que le stress est un facteur déclencheur majeur des crises, l'eczéma est vite taxé de psychosomatique. Non, réactions aux stress, l'émotionnel ne veut pas dire psychosomatique, ce sont deux mots différents. Bien évidemment, les deux peuvent s'additionner. Le but de cette page est de sortir de la dictature du tout psychologique, sans renier pour autant sa place et toute sa place.
L'émotionnel est la marche n°7 de votre escalier. Avez-vous trouvé les 6 autres?
Certains médecins disent que c'est dans la tête ..
Toute maladie qui dure dans le temps a forcément un impact psychologique sur le patient, mais aussi sur son entourage. Tout d’abord la maladie touche le bébé, cela inquiète la maman, elle se demande si c’est de sa faute, elle demande autour d’elle et rien ne va la rassurer, tous les avis sont différents. Plus la maman est inquiète, plus le bébé le capte, ce sont de vrais buvards des émotions de leurs parents.
Que l’enfant aille bien avec un traitement ou qu’il n’aille pas bien sans traitement, de toute façon il y aura des impacts. Voilà un bon coup de poignard que les mamans sont nombreuses à recevoir et malheureusement à croire aussi. Les mamans se croient coupables .Et cette phrase n'est pas la seule dans le registre des préjugés. Je vous invite à lire le témoignage de Louise face à la dictature du tout psychologique.
L’enfant qui va bien, l’est grâce à un traitement astreignant et quotidien. Lui courir après tous les jours
pour faire les soins, épuise les parents. Ils doivent parfois se battre avec l’enfant qui n’en veut plus. Lui demander tous les jours s’il s’est
gratté et comment il va, est un discours mortifère qui ne construit rien de positif chez l’enfant. L’enfant a besoin de parler de sa journée, des
copains, des cours, de sa vie mais surtout pas de l’eczéma. Les parents peuvent ne pas être d’accord entre eux sur les modalités du traitement et cela
rajoute de la lourdeur dans la maisonnée. La peur de revoir apparaître les plaques, la culpabilité souvent sous-jacente imprime des limites à
l’enfant en particulier dans le domaine du sport.
Les enfants atopiques font moins de sport que les autres, tant la sueur est insupportable.
L’enfant qui souffre au quotidien de ses plaques d’eczéma est souvent plus nerveux et dort moins bien.
Ces troubles du sommeil expliquent les difficultés de concentration remarquées à l'école.
Il arrive aussi que les enfants atopiques soient de plus petite taille, ce retard de croissance n'est pas lié à l'impact de la cortisone mais à l'hormone de croissance. Celle-ci étant fabriquée la nuit, si l'enfant dort mal, il en fabrique moins que son copain qui dort bien...
Jalousie dans la fratrie à cause du temps passé pour faire les soins
Conflit de parents séparés autour de l'eczéma de leur enfant
Conflit au retour des vacances chez les grand-parents qui ne font pas le traitement " à la lettre"
Epuisement dans la poursuite des soins
Culpabilité de la maman...
Marre de passer les vacances en cures thermales
Fatigue familiale
Envahissement de la vie familiale par l'eczéma
Relation trop fusionnelle entre la maman et l'enfant
etc...
Quelques témoignages de mamans...
Si l’eczéma est déjà un enfer à supporter dans l’intensité du grattage, le pire est l’impact du regard des autres. Dès la confrontation de l’enfant avec les autres à l’école, les regards et les phrases désagréables vont lui faire vite comprendre qu’il est rejeté. Certains enfants en viennent à croire que personne ne pourra les aimer à cause de l’aspect de leur peau.
article : les troubles du comportement de l'enfant atopique en milieu scolaire
L’estime de soi est déjà atteinte chez l’enfant en primaire…cela ne fait que s’aggraver ensuite
Lire la page : l'enfant et son eczéma
Certains enfants atopiques sont en effet plus "sensibles". Mon travail sur les dessins d'enfants fait émerger l'hypothèse que l'eczéma empêche la construction de la sécurité intérieure dont chaque enfant a besoin. Il grandit en insécurité, d'où sa "sensibilité aux stress". La peau participe à la construction de cette sécurité intérieure, indépendamment bien sûr de tout le contexte familial, psychologique, sociétal, anthropologique ...Elle ne participe à cette construction que sous l'effet des câlins, des caresses. Que peut-elle faire quand la peau est envahie par l'inflammation sous prétexte que "le bébé serait trop petit" pour être traité? Rien, elle ne transmet rien, le bébé est en manque d'information sécurisante de la part de sa peau.
Les articles qui parlent de la symbolique de l'eczéma, du décodage biologique de l'eczéma, de l'assimilation de l'eczéma à un deuil pointent tous en fait le rôle fondamental physiologique qu'a la peau à nous définir en dedans et en dehors en relation avec le monde extérieur. Toute situation de la vie courante qui questionne, qui déstabilise les liens de sécurité que nous avons avec nos proches ou des références idéologiques viennent révéler ce que la peau n'a pas construit du fait de l'inflammation de la peau. Toutes ces notions sont donc parfaitement complémentaires, du moment que dans l'ordre chronologique l'eczéma est bien positionné comme point de départ du cercle vicieux. Si l'eczéma avait été traité dès le départ, aucun des cercles vicieux ne seraient mis en place. Ce cercle vicieux justifie ainsi l'appellation d'eczéma psychosomatique. Il n'est pas anodin que vous soyez nombreux à avoir ressenti le besoin de faire une psychothérapie pour dénouer, pour vous séparer d'un lien toxique à une personne, ou une idée. Si le besoin de la parole devient thérapeutique, c'est que l'eczéma devient symbolique d'un attachement insécure sinon conflictuel. Cet article est là pour vous faire comprendre que l'insécurité vient autant de l'extérieur que de l'intérieur parce que la peau est soumise aux regards des autres et que l'inflammation de la peau empêche la construction de la sécurité intérieure. Ce n'est pas l'insécurité familiale et ou personnelle qui est à l'origine de l'eczéma. L'insécurité est la conséquence de l'eczéma. L'eczéma du bébé n'a aucune cause psychologique.
Pour autant, il est bien évident que le contexte familial peut enclencher une boucle psychosomatique authentique, celle qui aura besoin de l'intervention d'un professionnel pour évoluer vers plus de conscience, puis d'affirmation de soit.
Voici un extrait de mon livre : l'eczéma est-ce vraiment dans la tête ? Le lien révélé par un évènement de la vie de tous les jours est celui d'une non séparation symbolique des corps, ce qui correspond à une situation "incestueuse". L'impensable à vivre encore moins à dire s'opère pourtant dans une maladie tellement insécure.
Y a-t-il un effet secondaire à passer les crèmes sur la peau de son enfant jusqu'à la puberté, voire après ? OUI ! l'empêcher de mettre en place la distance de la PUDEUR. En plus du regard désagréable de l’entourage et des réflexions du genre : "ce n’est pas grave" "c’est dans la tête", se surajoute le problème de l’accès à la pudeur. A un âge variable suivant les cas, la pudeur doit s’installer et aide à la séparation symbolique des l’enfant vis-à-vis de leurs parents. Il y a un âge où la porte doit rester fermée et le corps ne plus être dévoilé aux regards de la famille. Or, les soins étant obligatoires au quotidien, si l’enfant n’a pas appris à les faire lui-même, le parent ou les parents vont continuer à badigeonner, donc à voir et à toucher la peau de leur enfant. Ce stade de la mise en place de la pudeur, perturbé par les soins, va imprimer une difficulté supplémentaire dans la capacité à se séparer et participer à un sentiment de honte difficilement exprimable.
La confiance concerne la prise en charge par une équipe soignante attentive et à l’écoute des parents et de l’enfant. Les parents mis en confiance vont pouvoir se décharger de la culpabilité qui les habite très souvent, appliquer le traitement sans être angoissé ni par l’eczéma, ni par le traitement, et jouer leur rôle de parent comme tous les autres indépendamment de la peau. L’enfant dont les parents sont confiants ne se sentira pas coupable de l’angoisse de ses parents. Cette confiance sera d’autant plus facilement acquise que les parents vont avoir accès à un discours médical cohérent et vont pouvoir exprimer leur difficulté. Tout cela est possible dans le cadre de la prise en charge par l’éducation thérapeutique dont 22 centres existent actuellement en France.
L’autonomisation concerne la capacité des parents :
Très tôt l’enfant doit « jouer » avec le traitement, sa maladie, et devenir le plus vite possible autonome, même si le traitement n’est pas parfait…des outils, des jeux adaptés aux enfants sont disponibles à l'onglet " l'eczéma de l'enfant"
Voici deux livres à lire, à offrir aux parents, aux amis, pour vaincre et convaincre que l'eczéma est une maladie qui n'atteint pas que la peau mais l'être tout entier.