Préjugés dans l'eczéma
Déconstruire pour mieux reconstruire
L'accès aux soins ne concerne pas uniquement la disponibilité des médecins et le coût des traitements.
Les préjugés sont les premiers obstacles que rencontre le patient. Donner au patient les moyens de détruire ses préjugés est le but de cette page.
On ne peut acquérir de nouvelles idées que si on a les moyens de détruire les anciennes.
Vous avez tout un groupe de page sur ce thème
L'eczéma nerveux, la honte et la culpabilité dans l'eczéma, Louise : quitter le cercle vicieux, les préjugés, les difficultés, les dessins d'enfants, les moments de séparation, s'approprier sa maladie, les fêtes de famille , l'eczéma est-il psychosomatique
1. Le préjugé est une forme normale de la pensée
Nous en avons tous, il n'y a pas de culpabilité à avoir à ce sujet. Ils proviennent d'une opinion favorable ou non, soutenue par des arguments qui ne sont passés ni par la réflexion, ni par l'expérience, ni par l'apprentissage. Ils sont souvent soutenus par la peur, la colère, l'émotionnel. Le tout est de prendre conscience s'ils nous aident ou pas à résoudre le problème du moment, ou s'ils sont négatifs envers d'autres. Il est alors possible de les questionner, de comprendre d'où ils viennent et pourquoi nous les avons acceptés, avant de pouvoir les faire évoluer vers d'autres connaissances. Les réseaux sociaux sont malheureusement des supports majeurs de diffusion des préjugés. Le fondement même de l'existence des réseaux sociaux est d'agir et de fonctionner sur l'émotionnel des individus. Axés sur le mode binaire : j'aime, j'aime pas, j'ai peur, je déteste, c'est la faute à ... le mode binaire basé sur l'émotionnel a transformé les préjugés en fer de lance d'un nouveau savoir.
L'éducation thérapeutique a pour but d'aller à la rencontre de toutes ces idées, d'en comprendre l'origine, de comprendre pourquoi le patient y a adhéré, avant de proposer une autre interprétation. Pas toujours facile ... En voici quelques uns des plus fréquents, mais pour être tout à fait honnête, il faudrait rajouter les préjugés du côté des soignants.
Préjugé 1 : ça ne sert à rien de traiter l'eczéma, ca revient tout le temps.
L'asthme aussi évolue par crise et pourtant qui aurait l'idée de ne pas traiter sous prétexte que ça peut revenir ? Ah oui l'asthme ça peut tuer, pas la peau …
Préjugé 2 : il faut que ça sorte.
L'eczéma est souvent sec, mais en pleine crise il peut devenir suintant. Cette vision alimente l'imaginaire que quelque chose a besoin de sortir à travers la peau, et ce quelque chose est de l'ordre du mal...
Préjugé 3 : c'est allergique.
Le mot allergique a un implicite bien pratique, c'est celui de trouver le produit en cause, ce qu'on appelle l'allergène et de le supprimer pour guérir...
Préjugé 4 : c'est dans la tête.
Voilà une maxime qui ressemble à un coup de poignard planté dans le dos du patient. Ce genre de phrase est souvent une fin de non-recevoir aussi bien de la part de la famille que des soignants, désemparés devant cette maladie. Faute de savoir-faire, c'est la faute du patient qui n'a qu'à chercher dans sa tête! ...
Préjugé 5 : débarrassez-moi de ce truc là!
« Mais enfin, docteur on sait aller sur la lune et vous me dites qu'il faut que je passe de la pommade tous les jours ? Vous rigolez! » ...
Préjugé 6 : la cortisone, surtout pas !
« Quand on commence, on ne peut plus arrêter, on devient dépendant »
« Ça fait gonfler »
« Ça empêche de grandir » ...
Préjugé 7 : il y a forcément une cause.
« Mais enfin vous ne cherchez pas la cause ! » Cette phrase est un reproche très fréquemment adressé au monde médical…
Préjugé 8 : l'eczéma, ce n'est pas une maladie.
C 'est de loin le préjugé le plus fréquent, même chez les soignants
Photo prise dans un carnet de santé...Examen strictement normal, eczéma. Comment l'examen peut-il être normal puisque l'enfant a de l'eczéma ...?
Il est vrai que l'eczéma étant la première maladie du bébé, le mot MALADIE n'est pas entendable par des jeunes parents, on peut facilement le concevoir. Ce qui est moins concevable, c'est le déni des soignants, ce qui est le cas sur ce carnet de santé. Ceci est le reflet d'une insuffisance de formation sur cette maladie tant chez les médecins, et les pharmaciens. Les discours discordants des soignants et l'absence de réponses aux questions des parents, les poussent à aller demander de l'aide ailleurs, où le mot maladie ne sera toujours pas d'actualité. Bon nombre de patients adultes expriment de la colère à découvrir après des décennies de galère qu'ils étaient atteints d'une maladie depuis le début, qu'ils étaient malades et que ces deux concepts légitiment un traitement et surtout une meilleure considération ..
temoignage d'une patiente
Quand je dis à ma famille que j'ai de l'eczéma, elle me dit que ce n'est rien du tout, il suffit d'arrêter de gratter! Maintenant, je dis que j'ai une dermatite atopique, on me dit : " oh ma pauvre, c'est grave ? "
etre malade? OU NE PAS ETRE MALADE?
« Mais alors, si j'ai une maladie…j'ai droit à un traitement, est ce que vous m'autorisez à prendre rendez-vous ? » ...Si vous êtes malade, alors vous avez droit à un traitement et vous pouvez faire taire tous ceux qui disent l'inverse et qui ne savent pas ce que vous avez supporté jusqu'ici !
Si l'eczéma n'est pas une maladie, alors vous n'êtes pas malade et donc pas besoin de s'astreindre à traiter, ça partira bien tout seul ...jusqu'au jour où c'est devenu invivable ... et vous aurez besoin de vous réapproprier votre maladie
- Reconnaitre l'eczéma comme une maladie,
- c'est accepter d'être malade
- puis accepter de comprendre cette maladie
- jusqu'à la dominer
- pour pouvoir un jour vivre normalement sans porter l'étiquette malade
- mais en portant une trousse de toilette adaptée !!